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Le mécanisme de non-remplacement pour les nuls

Janvier 2014

Vous ne comprenez rien aux règles de remplacement des absents au CG ? C’est normal, c’est fait exprès ! Allez, on vous explique : vous allez voir, c’est assez simple…

 
Cela fait un moment que personne ne s’y retrouve plus en matière de remplacement des agents. Sur le terrain, chacun peut constater que de plus en plus de postes sont dégarnis. Les absents ne sont pas remplacés, ou de façon incomplète (exemple : un remplaçant pour deux congés maternités). Parallèlement, certains postes restent vacants de nombreux mois avant que l’offre d’emploi ne soit publiée. 
 
Et pourtant, chaque fois que les représentants syndicaux interpellent la direction sur ce sujet, on leur répond que les règles n’ont pas changé... Comment est-ce possible ? 
 
Voici quelques explications techniques :
 
La masse salariale du Conseil général se divise en une part fixe et une part variable. La part fixe, la plus importante, couvre le coût des emplois permanents. C’est une masse financière qui est relativement stable, même si elle a tendance à augmenter en raison de mécanismes que le Conseil général ne maîtrise pas (ancienneté, revalorisations règlementaires…). A côté de la part fixe, la part variable, beaucoup moins importante, couvre les remplacements des agents en arrêt, les renforts et les compléments de temps partiel. 
 
En 2009, lorsque le président du Conseil général a demandé que la masse salariale n’augmente plus, notre direction générale et notre DRH se sont creusées la tête pour trouver une solution qui permette de bloquer les dépenses de personnel sans avoir l’air de toucher au fonctionnement normal des services. Bien entendu, puisque la part fixe ne pouvait être attaquée, c’est la part variable qu’il allait falloir faire baisser. Pour y arriver sans changer officiellement les règles, on a sorti un principe à la mode : « responsabiliser ».
 
Chaque directeur de pôle (directeur général adjoint - DGA) reçoit désormais en début d’année une enveloppe financière qui couvre la part fixe et la part variable de son pôle. Il est responsable de l’utilisation de son enveloppe, c'est-à-dire qu’il a tout pouvoir pour arbitrer entre ses différents services. Bien entendu, les DGA sont incités à ne pas dépasser leur enveloppe, voire (pour être de bons élèves) à la diminuer.
 
Pour les aider à piloter leurs dépenses de personnel, le conseil général a acquis un logiciel nommé KlikView (prononcer clic-viou), qui donne « en direct » le niveau des effectifs, l’état des dépenses de personnel, l’absentéisme, le coût des remplacements…
 
La notion de « responsabilité » des directions est séduisante : plutôt qu’imposer des décisions déconnectées des besoins réels, on donne du pouvoir à ceux qui connaissent la réalité  du terrain. La gestion des recrutements doit y gagner de l’efficacité, de la souplesse, de la réactivité. C’est bien ! Sauf que ça ne se passe pas du tout comme ça.
 
En effet, cela fait longtemps que les DGA ne sont plus en prise avec les réalités des équipes de terrain, puisque cette déconnection est justement un principe du management au Conseil général : les directeurs ne veulent pas savoir comment les tâches sont accomplies, seuls les intéressent leurs propres objectifs. Le vécu des agents, leur identité professionnelle, avec leurs soucis et leur besoin légitime de faire du bon travail, n’ont plus aucune importance dans une institution qui cultive le discours du « tout va bien » jusqu’à l’absurde.
 
Une pression maximale est ainsi mise sur l’encadrement intermédiaire, les « petits cadres » qui entendent à longueur d’année les larmoiements de crocodile de leur direction sur la nécessité de faire des économies, les sacrifices à faire car « on n’a plus de sous ». Ils sont fermement invités à subir la grogne de leurs équipes, face à qui ils doivent porter la responsabilité des non-remplacements. Sans avoir aucune information sur les tenants et les aboutissements réels puisque KlikView n’est accessible qu’aux huiles… C’est le règne de l’arbitraire et de l’opacité. Les DGA ont logiquement tendance à satisfaire leurs propres besoins et à ignorer la piétaille. Plus on est loin du bon Dieu et plus on est près du terrain, moins on est remplacé… Tant pis pour le service public. Le discours sur l’évaluation, la prospective et la responsabilité sociétale achève d’enfumer tout le monde.
 
Le cynisme a atteint un sommet lors du CTP du 25 octobre dernier.  Extraits du rapport de présentation : « Il est proposé une modification du régime indemnitaire actuel afin d’y intégrer une prime de suppléance (…) La perception de cette indemnité sera limitée aux hypothèses de remplacement d’un collègue absent pour une durée déterminée. Il s’agit notamment des situations de remplacement pour congé maladie ou maternité. Elle ne sera versée que si aucun remplacement n’est sollicité au sein du service pour pallier l’absence de l’agent non présent. (…) Cette prime sera payée mensuellement pour un montant de 100 € brut par mois. »
 
L’institution organise donc le sous-effectif  systématique des agents en officialisant leur non remplacement, compensé par une prime ridiculement basse, pour des durées extensibles. Cerise sur le gâteau : « L’encadrement ne pourra pas solliciter l’attribution d’heures supplémentaires pour les agents déjà bénéficiaires de la prime de suppléance. »
 
Vous avez compris : plus d’effectif minimal, pas de limite des heures de travail. C’est quoi la prochaine étape ?  
 
 

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